AU/LAB, la CCHM et Full Pin développent un projet de circularité et d’innovation bioalimentaire à fort impact social
Depuis deux ans, La Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) récupère du substrat usé de la champignonnière Full Pin pour nourrir les sols de sa ferme. L’arrivée du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB), avec son expertise et son savoir-faire, vient changer la donne et apporte une tout autre envergure à ce projet. Ainsi, la circularité et l’innovation progressent au Pôle de l’est de Montréal porté par la CCHM.
Les fermes urbaines entretiennent de nombreuses relations fonctionnelles et organiques avec la ville. Si elles permettent de sensibiliser à une consommation locale et favoriser les circuits courts, elles valorisent des matières organiques, recyclent l’eau, récupèrent de l’énergie ou réhabilitent le bâti. Toutefois, dans le cadre de leurs activités, elles génèrent aussi de la matière organique. Le résidu de la production alimentaire. Des résidus qui sont aussi des ressources, mais encore trop souvent mal valorisés.
Des 73 fermes urbaines de Montréal, on compte 11 champignonnières dont les résidus de production (les substrats de croissance) sont une riche ressource urbaine actuellement largement ignorée. Malgré des efforts par plusieurs champignonnières urbaines, faute de débouchés structurés, leur substrat est traité comme de la matière résiduelle, pratiquement un déchet.
Pour répondre à cet enjeu, le Laboratoire sur l’agriculture urbaine va développer et mener un projet pilote d’utilisation du substrat usé de champignonnières urbaines afin de lutter à l’insécurité alimentaire et nourrir le sol des potagers urbains.
Dans ce projet collectif avec la champignonnière Full Pin et la Cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM), tous les deux dans l’écosystème industrielle du 5600 Hochelaga, l’objectif de AU/LAB est de valoriser près de 40 tonnes de matière organique par année, afin de produire des centaines de kilos de champignons. Une fois le substrat complètement épuisé, soit après un an de culture, celui-ci sera incorporé soit au sol urbain de la ferme urbaine sociale de la CCHM, afin d’en améliorer la qualité, ou encore a du compost de jardins communautaires/collectifs.
Ce triumvirat entre la recherche et l’innovation, la PME et l’entreprise d’économie sociale permettra à la salle de transformation du pôle de l’Est de classifier et déployer ses champignons vers les organismes producteurs en sécurité alimentaire, dans des cuisines collectives ainsi que dans les activités d’économie sociale et communautaire de la CCHM.
Ce projet d’innovation permettra autant un suivi agronomique des sols par le Laboratoire sur l’agriculture urbaine, qu’une analyse quantitative et comportementale de la consommation des champignons par les plus fragiles des communautés dans l’Est de Montréal.
Cette initiative s’inscrit pleinement dans la démarche Économie circulaire pour nourrir la ville du Laboratoire sur l’agriculture urbaine. Entamée voici plusieurs années à travers Valorisons Montréal, soutenu par la ville de Montréal dans le cadre de Montréal en commun, cette démarche se poursuit à travers plusieurs projets pilotes que ce soit dans le cadre du Laboratoire vivant sur l’agriculture urbaine dans l’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie, de la serre en économie circulaire Louvain dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, ou encore ici dans le cadre de la valorisation du substrat de champignonnière. D’autres projets sont aussi en gestation et devraient voir le jour d’ici peu.
Pour Éric Duchemin, directeur scientifique au Laboratoire sur l’agriculture urbaine, « voici quelques années, nous avons développé une recette de terreau urbain à base du substrat de champignonnière, ce projet va nous permettre d’acquérir des connaissances précieuses pour développer des projets qui permettront d’augmenter la qualité des sols urbains et du compost réalisé dans les jardins communautaires et collectifs, mais aussi de voir au développement d’un système opérationnel pour la valorisation de cette ressource. Cela va aussi nous permettre de valoriser les champignonnières urbaines qui s’inscrivent dans l’écologisation de la ville. Tandis que le projet pilote vient d’être amorcé, on voit déjà d’autres projets potentiels sur Laval ou Québec ».
Pour Benoist de Peyrelongue, Directeur général de la CCHM « La circularité est pleinement intégrée dans les multiples projets de La CCHM au service de la communauté. Le pôle de l’Est ayant une approche structurant en innovation bioalimentaire à fort impact social. L’arrivée du AU/LAB avec toute son expertise s’inscrit complètement dans cette approche multidisciplinaire du pôle : associer la recherche, la PME et l’économie sociale dans un milieu d’usine de légumes et de point de relais de la banque alimentaire en partenariat avec Moisson Montréal est forcément un succès garanti pour mieux nourrir un droit à une saine alimentation pour tous »
Pour Daniel Vogt, copropriétaire de Full Pin « ce projet en collaboration avec le Laboratoire sur l'agriculture urbaine et la CCHM nous permettra de valoriser nos substrats en circuit court tout en nous aidant dans notre mission d'avoir un impact social positif dans notre communauté. Depuis plusieurs années, nous mettons beaucoup d'efforts pour valoriser ces substrats dans notre communauté, mais la gestion urbaine de la matière organique est inadaptée pour distribuer notre volume. On a espoir qu'un projet structurant comme celui-ci permettrait à moyen terme une gestion locale et sociale de tous nos substrats. »