L’agriculture urbaine pour des villes nourricières et résilientes : priorités pour les candidat(e)s aux élections municipales

L’agriculture urbaine n’est pas une mode passagère. Ces dernières décennies, à travers des projets à vocation sociale, elle est devenue un outil d’intervention puissant, tant pour améliorer nos villes, pour faire face aux défis environnementaux du 21e siècle ou pour répondre à des enjeux sociaux comme l’insécurité alimentaire. Dans le cadre des élections municipales aux Québec, il est important de reconnaître l’apport de l’agriculture urbaine et de réunir les conditions pour son plein développement.

Jardins communautaires et collectifs, fermes urbaines à but non lucratif, activités de glanage d’arbres fruitiers et de vergers urbains : ces initiatives offrent à la fois des lieux et des occasions de rencontres et d’inclusion et de nouveaux espaces pour produire ou récolter des aliments frais en ville.  Des OBNL, des entreprises d’économie sociale, des collectifs de citoyens et divers acteurs des milieux locaux sont mobilisés à travers ces projets qui fournissent des tonnes de légumes et de fruits au bénéfice de la communauté.

L’agriculture urbaine n’est pas l’apanage de Montréal et Québec. Les fermes urbaines sociales se développent aussi dans les régions du Québec, en Matanie, en Mauricie, en Chaudière-Appalaches, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Estrie et dans les Laurentides. On en compte environ une vingtaine au Québec.

L’agriculture urbaine, c’est de l’innovation sociale, c’est une autre façon de concevoir le vivre ensemble et c’est un moyen d’adapter nos villes et de prendre le chemin de la transition socioécologique. Plus de 60 municipalités québécoises l’ont compris et se sont dotées de politiques d’agriculture urbaine ou de plans de développement de communautés nourricières dans les 10 dernières années.

Mais force est de constater que le mouvement de l’agriculture urbaine mérite une plus grande attention du monde politique, à la hauteur des retombées qu’il génère. Les élections municipales qui approchent sont une occasion de mettre de l’avant des besoins exprimés depuis plusieurs années, afin de permettre aux initiatives d’agriculture urbaine de se développer ou de perdurer.

Au niveau réglementaire, les villes devraient :

  • systématiquement inclure l’agriculture urbaine dans les politiques de verdissement, de gestion de la matière organique et d’économie circulaire;

  • adapter la réglementation en matière d’urbanisme, afin de faciliter le développement d’une agriculture urbaine diversifiée, dont des fermes urbaines sociales et des fermes sur toit.

Au niveau de la gouvernance, les villes devraient:

  • s’assurer qu’un(e) élu(e) soit responsable de l’agriculture urbaine et agisse à titre de personne-ressource pour les acteurs et actrices sur le terrain;

  • veiller à orchestrer le travail des services municipaux concernés par l’agriculture urbaine, afin qu’ils travaillent en concertation et que se dégage une vision commune dans la gestion des initiatives;

  • jouer un rôle de mobilisateur auprès de l’ensemble des acteurs institutionnels du territoire (CISSS, centres scolaires, etc.) jouant un rôle dans le soutien et le développement de l’agriculture urbaine.

Au niveau des espaces pour l’agriculture urbaine, les villes devraient :

  • inclure des aménagements comestibles dans les parcs et autres espaces publics, et développer des cadres de gestion adaptée, en collaboration avec les acteurs et actrices du mouvement, afin que ces aménagements comestibles deviennent des espaces de socialisation et d’échange;

  • mettre en place des infrastructures agricoles pour le développement de fermes urbaines sociales dans la ville ou dans chacun de ses arrondissements, dans une perspective de reconnaissance de l’alimentation comme un droit et un bien commun;

  • cartographier et rendre accessible les espaces municipaux sous-utilisés pour la production alimentaire. Plusieurs groupes communautaires ou citoyens font face à la difficulté de trouver des espaces adaptés pour mettre en place leurs initiatives. Cette tâche serait facilitée si les villes maintenaient un registre de sites et mobilisaient des propriétaires privés ou institutionnels pour l’ouverture d’espace à la production alimentaire au profit de personnes en situation précaire.

Bien qu’elle semble être partout, l’agriculture urbaine sous sa forme actuelle ne fait partie de la trame urbaine que depuis moins de 20 ans. C’est un mouvement encore jeune et plein de potentiel, dont le développement sera compromis s’il ne dispose pas d’un soutien à sa structuration et sa pérennisation.

Pour assurer la suite de son développement et maximiser son impact positif dans les communautés, il faut une offre d’accompagnement et de formation des organismes communautaires et des entreprises agricoles urbaines. Différents moyens peuvent être mis en place, comme le déploiement et l’animation d’un réseau sur l’agriculture urbaine citoyenne et sociale, la mise à disposition d’espaces de formation et de rencontres, ou la création d’incubateurs ou de « hubs » agricoles urbains facilitant le développement d’initiatives citoyennes ou de fermes urbaines sur le territoire.

Plusieurs des priorités d’actions énoncées sont en place dans de nombreuses municipalités. Il faut poursuivre et maintenir ces acquis et mettre en œuvre les meilleures pratiques à plus grande échelle. La ville de demain devra se réinventer afin de faire face, notamment, aux canicules, aux fortes pluies, à l’insécurité alimentaire et à l’intégration de la production agricole en ville, que ce soit sur toit, au sol ou en intérieur. Une agriculture urbaine diversifiée, ancrée localement et socialement, est l’un des éléments essentiels pour faire émerger des villes résilientes et des systèmes alimentaires locaux et solidaires.

Cosignataires : Aliments d’ici, Saveurs d’ailleurs (Québec), Atelier Paysan (Montérégie), Carrefour solidaire Centre communautaire d'alimentation (Montréal), Cultive le partage (Mauricie), Craque-Bitume (Québec), Eurêko (Saguenay-Lac-Saint-Jean), Ferme citoyenne de la Matanie (Gaspésie), Horticité (Outaouais), Jeunes au travail (Laval), Laboratoire sur l’agriculture urbaine (Montréal), Marigot Agricole (Laval), Multicaf (Montréal), Oasis agriculture urbaine (Mauricie), ProVert (Montréal), Récolte des générations (Estrie), Rêve nourricier (Estrie), Serres de Clara (Laurentides), Société d’agriculture urbaine de Longueuil (Montérégie)

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[OFFRE DE STAGE] Chargé(e) de projet – agriculture urbaine sociale